Il y a seulement quelques jours, Circle, l’émetteur du stablecoin USDC, a fait une entrée fracassante à la Bourse de New York. Pourtant, cela n’impressionne guère son rival de toujours, Tether, qui semble ne pas vouloir suivre Circle sur les marchés financiers.
Pour Paolo Ardoino, PDG de Tether, l’entreprise se suffit à elle-même et n’a pas besoin de la validation du public ou d’un afflux de capitaux extérieurs.
Paolo Ardoino : Une vision indépendante de l’introduction en bourse
À la différence de son concurrent Circle, qui a vu ses actions exploser de +167 % à son entrée en bourse le 5 juin, Tether compte rester farouchement privée. Paolo Ardoino affirme qu’il n’y a « aucun besoin » d’entrer en bourse, et la déclaration n’est pas anodine. Cela traduit une volonté de rester agile, hors des contraintes réglementaires des marchés cotés et de l’examen trimestriel imposé aux entreprises publiques.
Alors que Circle a profité d’une valorisation de 16,7 milliards de dollars sur le NYSE, Tether, qui n’a jamais levé de fonds par le marché secondaire, continue d’auto-financer ses opérations grâce à une trésorerie solide, un modèle commercial basé sur le flottant des stablecoins et des revenus de frais conséquents.
La décision de ne pas se soumettre à une IPO reflète aussi une stratégie de gestion d’image et de confidentialité dans un secteur où la transparence réglementaire reste encore floue.
Une valorisation à 515 milliards jugée baissière : La puissance cachée de Tether
Dans un tweet récent, Jon Ma (PDG d’Artmesis) estime à 515 milliards de dollars la potentielle valorisation de Tether si elle choisissait d’entrer sur les marchés financiers. Ce chiffre place théoriquement Tether parmi les vingt plus grandes entreprises mondiales – devant Costco ou Coca-Cola. Néanmoins, Ardoino juge cette estimation conservatrice.
En effet, si l’on considère l’accumulation stratégique de Bitcoins (plus de 37 000 BTC) et d’or en réserve, en plus des revenus élevés, la valorisation réelle pourrait s’approcher, voire dépasser, le trillion. Cette réserve d’actifs volatils mais historiquement haussiers, détenue hors des obligations de divulgation typiques d’une société cotée, ajoute une composante asymétrique à la valeur réelle de Tether.
Les figures du secteur, comme Anthony Pompliano ou Jack Mallers, estiment qu’une valorisation à 1 000 milliards est plausible, surtout si Tether continue de croître à son rythme actuel tout en capturant davantage de parts dans les marchés de règlement, de stockage et d’émission d’actifs numériques.
Des résultats financiers records qui rendent la cotation superflue
Tether affiche des revenus qui écrasent complètement ceux de ses concurrents. En 2024, elle a généré 14 milliards de dollars, soit dix fois plus que Circle. Rien que sur le dernier mois, elle a encaissé plus de 430 millions en frais, principalement grâce à l’utilisation massive d’USDT sur les réseaux comme Tron.
Ce modèle, basé sur l’émission de stablecoins et la gestion de réserves, permet à Tether de tourner sans levée de fonds ni dilution. La cotation, dans ce contexte, ne ferait que compliquer une mécanique déjà bien huilée.
Expansion stratégique et innovation sans le regard des marchés
De plus, Tether réinvestit sa trésorerie dans des initiatives à fort levier technologique. Elle a récemment pris une position majoritaire dans Twenty One Capital (désormais 3e plus grand détenteur mondial de Bitcoins), mise sur les infrastructures en participant à la création de la blockchain Stable, et continue d’alimenter les flux de paiement mondiaux avec USDT.
Finalement, avec plus de 1 000 milliards de dollars de transferts mensuels, elle confirme son rôle central dans l’économie crypto. Sans obligations de transparence publique, elle peut innover, pivoter et croître à son rythme. Rester hors de la Bourse, c’est garder la liberté d’avancer selon ses propres règles, et à en juger par ses résultats, c’est un choix qui paie.
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Mon parcours est pour le moins atypique. Ancien infirmier, j’ai découvert les crypto-monnaies en 2021, en pleine effervescence du secteur. Ce qui n’était au départ qu’une simple curiosité s’est rapidement transformé en véritable passion, notamment grâce à la philosophie et à la technologie portées par Bitcoin.
De fil en aiguille, je me suis intéressé aux altcoins comme Ethereum, Solana ou Avalanche, allant jusqu’à lancer un projet NFT sur cette dernière blockchain. Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre entre mes deux passions : l’écriture et les crypto-monnaies. Je les mets au service de Cryptodnes, avec pour ambition de décrypter l’actualité crypto et d’accompagner les lecteurs dans la compréhension de cet univers en perpétuelle évolution.