La cryptomonnaie Monero (XMR), symbole de confidentialité et de résistance à la censure, fait face à une attaque inédite menée par le projet Qubic. Portée par Sergey Ivancheglo, cofondateur d’IOTA, cette tentative de prise de contrôle minière suscite une vive inquiétude au sein de la communauté.
Une tentative de centralisation déguisée
Depuis fin juin, Qubic incite ses utilisateurs à miner du Monero via son propre réseau, en redistribuant les XMR récoltés sous forme de buybacks et de burns de tokens. Ce mécanisme économique, bien qu’innovant en apparence, a déclenché de vives réactions. En effet, il sape les fondements de la décentralisation qui font l’ADN de Monero.
Le 30 juin, un billet de blog a confirmé les intentions de Qubic : centraliser progressivement le hashrate de Monero. À son apogée, le pool Qubic s’est hissé à la première place du classement mondial des pools de minage Monero. Bien que la vigilance de la communauté ait fait chuter cette position, Qubic est désormais septième et contrôle toujours 27% du hashrate total. Ce niveau reste préoccupant, car il se rapproche dangereusement du seuil critique des 51 %.
Ivancheglo a d’ailleurs déclaré que Qubic pourrait commencer à rejeter les blocs générés par les autres pools. Une telle manœuvre aurait des effets immédiats : créations de blocs orphelins, retards de confirmation et désorganisation du réseau. En conséquence, les analystes mettent en garde contre une attaque potentielle à 51%, qui éroderait fortement la confiance dans l’intégrité du protocole.
Une communauté en alerte, un prix qui résiste
Monero n’en est pas à sa première crise. Le projet a déjà survécu à des suppressions de cotations sur des exchanges, à des pressions réglementaires, voire à des campagnes de désinformation. Cette fois encore, la communauté semble mobilisée.
La baisse rapide de la part de Qubic dans le hashrate témoigne de la réactivité des utilisateurs. Développeurs, mineurs et partisans dénoncent ouvertement les méthodes employées, certains allant jusqu’à évoquer une attaque “économique” déguisée en expérimentation. Ivancheglo, quant à lui, se défend en prétendant vouloir tester une réponse anticipée à une menace future, une justification jugée peu convaincante par les observateurs.
Par ailleurs, Qubic a annoncé qu’il ne rendra plus public son taux de hashrate à partir de mercredi, à la veille d’une éventuelle attaque prévue pour le 2 août. Ce manque de transparence accentue les incertitudes, à l’heure où les participants du réseau ont besoin d’informations fiables pour évaluer les risques.
Malgré ce contexte tendu, le XMR fait preuve d’une étonnante stabilité. Son cours tourne actuellement autour de 325 dollars, enregistrant seulement une légère baisse de 1% sur la semaine. Sur un an, le prix a doublé, soutenu par une dynamique technique positive.

Évolution du prix du Monero – Source : CoinGecko
Un test pour la résilience du réseau
Le cas Monero-Qubic pourrait bien devenir un cas d’école pour l’ensemble de l’écosystème crypto. D’une part, il illustre comment une attaque purement économique sans recours peut menacer un réseau. D’autre part, il met en lumière la capacité de la communauté à se mobiliser rapidement pour défendre la gouvernance décentralisée.
Pour l’heure, rien ne garantit que Qubic renoncera à son objectif. Mais l’unité des partisans de Monero, couplée à la vigilance technique, pourrait suffire à repousser cette tentative d’emprise. Toutefois, à mesure que le 2 août approche, les observateurs restent prudents : toute concentration de pouvoir, même temporaire, met à mal la promesse d’un réseau souverain, ouvert et libre de toute interférence.
Source : Cointelegraph
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Anthony Lussier est rédacteur crypto pour Cryptodnes.com.fr. Passionné par la blockchain, les cryptomonnaies et les innovations Web3, il décrypte chaque jour l’actualité du secteur pour la rendre accessible à tous. Son objectif : aider les lecteurs à comprendre les enjeux du monde crypto et à faire des choix éclairés.